PROJET SATELLITE N° 8 MISSION VERS LA LUNE |
Qui
n'a pas en mémoire la fameuse fusée Saturne V et les missions lunaires
américaines à bord de la capsule Apollo. Ce furent les premiers pas sur la Lune
et le début d'une exploration du sol lunaire, riche d'enseignement, qui n'a
plus eu de suite mais qui reprendra très bientôt.
Le
coût de ces expéditions a été jugé prohibitif, mettant en sommeil, pour un
temps, ce type de missions. Cependant, se profile dans les
prochaines décennies, l'aventure martienne, qui pourrait fort bien utiliser les
orbites lunaires comme étapes intermédiaires, et remettre au goût du jour
l'aventure lunaire.
Ce
projet se propose d'étudier, au départ de manière légèrement simplifiée, quelques
éléments de l'analyse de mission d'un voyage aller retour vers la Lune. Ce
pourrait être une simulation du voyage dramatique de la mission Apollo 13, qui
a utilisé la Lune comme tremplin pour revenir sur Terre, grâce au LM.
I PRESENTATION :
Il
n'est pas possible d'envisager une telle mission avec toutes ses contraintes et
dans le cadre des équations exactes, depuis l'injection précise au départ de
Cape Kennedy et le retour programmé, à une date stricte, dans un océan bien
choisi.
1°) SIMPLIFICATIONS :
Nous savons que
la masse de la lune n'est pas négligeable devant celle de la Terre. Un repère
galiléen simple doit avoir son origine au centre d'inertie du système
Terre-Lune. Certes, l'origine du repère est très près du centre de la Terre,
mais on ne peut les confondre tout à fait.
La
théorie du mouvement relève du problème à deux corps.
La
première simplification consiste à choisir O, centre de la Terre, comme origine
d'un repère absolu OXYZ que nous définirons ensuite.
La lune a une
orbite elliptique, de périgée 356400 km, d'apogée 406700 km, donc de demi grand
axe 381550 km. Dans notre deuxième simplification, nous prenons une distance
moyenne de D = 384000 km et une orbite circulaire.
NB
: Nous pourrions fort bien nous passer de cette simplification et modéliser
correctement le mouvement de la Lune. Mais le but du projet n'est pas là.
Nous
travaillons en hypothèse képlérienne à deux corps et adoptons la notion de
sphère d'influence. Celle de la Lune a un rayon de l'ordre de R = 66000 km.
Approximations sur les positions d'entrée et de sortie : Nous notons L le centre Lune, ER
et SR les points d'entrée et de sortie réels de la sphère
d'influence de la Lune. Un calcul simple de la distance d = LH vous convaincra
que pour une vitesse à l'infini de l'ordre de 2 km/s, et un survol à 110 km du
sol lunaire, la distance d = 2720 km environ.
Tout
ceci pour dire que si l'on confond les points ER, SR avec
les points Ea, Sa plus simples, on commet une erreur tout à fait acceptable
devant les autres erreurs provenant des points de simplification précédents.
Ainsi :
Nous négligeons
toutes les perturbations gravitationnelles ou autres, et ne conservons que la
gravitation newtonienne de la Terre ou de la Lune.
Le mouvement du
module lunaire est supposé strictement plan, dans le plan de l'orbite de la
lune autour de la Terre.
2°) Trajectographie : Voir la figure
Le
travail consistera à déterminer les conditions de tir et de survol de la Lune,
permettant d'aller survoler la Lune et de revenir en direction de la Terre, si
possible au voisinage de la Terre et d'assurer des conditions de rentrée
atmosphérique, au prix s'il le faut de quelques corrections de trajectoire.
a) Paramètres de la mission : Vp, RpT, Yo, RPL ( on pourra garder RpT
constant )
Les
deux "bons" paramètres sont Vp ( Vitesse de tir absolue au périgée,
près de la tere ) et Rpl ( Rayon vecteur du périgée de survol de la Lune ). Ce sont
eux qui vont, en frande partie, régir le problème.
INJECTION
SUR C1: Faite près de la Terre ( au dessus de 190 km sol), au périgée de
rayon RpT, dans le orbital de la Lune. L'orbite de transfert, hors
sphère d'influence lunaire, est une ellipse C1, de demi grand axe a1
et d'excentricité e1.
POSITION DE LA LUNE : Au moment du tir, la Lune est dans une position repérée par un angle
polaire Yo. Cet angle doit appartenir à une
plage ( Yomin, Yomax ] pour que la rencontre de C1 et de la sphère d'influence soit
possible. De plus dans cette plage, la valeur de Yo conditionne le tremplin gravitationnel, qui peut être par derrière ou
par devant la Lune. On privilégiera un survol par l'avant de manière à
assurer le retour vers la terre.
SURVOL DE LA LUNE : Dans la sphère d'influence de la Lune, l'orbite est hyperbolique,
passant au plus près de la Lune à la distance RpL > 80 km. En
pratique, il faudra essayer de passer vers 110 km, car c'est l'altitude de
travail des américains p0our les missions Apollo 11 et au dessus.
Le
dessin ci-après ne montre pas une hyperbole, car la trajectoire n'est pas vue
de la Lune, mais du repère fixe OXY, c'est à dire déformée par le mouvement de
la Lune, ce qui explique la forme de huit.
L'entrée
réelle se fait en ER avec une Lune en L1 et la sortie réelle en SR
avec une Lune en L2.
RETOUR SUR C2
: Hors sphère d'influence de la Lune, la trajectoire C2 après le tremplin
lunaire est une ellipse caractérisée par a2 et e2, dont
on espère un périgée proche de l'atmosphère terrestre.
La
rentrée atmosphérique est possible si l'angle de rentrée est de l'ordre de 6 à
7°, à 120 km sol.
II PRELIMINAIRES :
De
toute évidence, ce voyage ressemble à celui d'une mission Apollo, qui durait
2.5 jours environ pour rejoindre la Lune. Un calcul sommaire, oubliant la
sphère d'influence de la Lune, montre qu'un tir avec Vp=10948
m/s et rp=6600 km conduit à une telle
durée, pour le voyage aller.
En
pratique vous prendrez une vitesse comprise entre 10880
m/s ( apogée à 316000 km pour juste effleurer la sphère d'influence ) et
10990 m/s ( Vitesse de libération qu'on pourrait
cependant dépasser ).
Nous
adoptons ces valeurs extrêmes, au départ.
1°) Calcul d'un contact moyen tangentiel. :
Vous
rechercherez d'abord la position de la Lune, définie par l'angle noté Ymoyen, qui conduit à un contact
tangentiel, entre la trajectoire sonde et la sphère d'influence. (Voir dessin
ci-après).
La
configuration géométrique montre que la vitesse relative de la capsule par
rapport à la Lune est orientée vers l'intérieur de la sphère d'influence. La
descente vers la Lune est donc possible.
2°) Calcul de la plage des positions de la Lune. :
Vous
déterminerez la plage dans laquelle doit se trouver la Lune au moment de
l'injection en P, pour qu'une rencontre soit possible. Pour ne pas résoudre 2°)
au hasard, on recherchera la limite basse Ymin
et la limite haute Ymax, autour de la valeur Ymoyen. D'où l'utilité de 1°) qui n'est cependant pas
une obligation.
Le
bon sens indique qu'un survol de la Lune existe si et seulement si la distance
Lune-capsule peut devenir plus petite que R et que la vitesse à l'infinie est
bien orientée vers l'intérieur de la sphère.
A
toute fin utile, on rappelle que, si l'angle polaire est q, la pente g
vaut, algébriquement :
3°)
Plage des survols avant :
Survol avant
signifie à la fois que la sonde atteint la sphère d'influence lunaire et aussi
que l'asymptote de l'hyperbole de descente vers la lune est devant la lune avec
une trajectoire hyperbolique qui ne percute pas la Lune.
De
toute évidence si l'on veut espérer un retour sensiblement vers la terre, après
survol, il faut impérativement effectuer un survol de la Lune par l'avant.
C'est ce qui était fait avec Apollo, et qui s'impose dans la théorie du tremplin gravitationnel.
Vous
calculerez donc une nouvelle plage plus restreinte des survols avant, qui
devrait commencer à Ymin, puisque la Lune doit laisser
prendre "un peu d'avance" à la capsule.
III TRAVAIL A REALISER :
1°) LE VOYAGE COMPLET :
Dans
la plage précédente, vous choisissez une position initiale Y de la Lune et vous vous fixez une
altitude de survol de la Lune > 80 km, ou encore rpL:
Vous calculez
la rencontre en ER.
Il est alors
l'heure t1, la Lune est en L1
Vous calculez
la vitesse relative
Vous précisez
tous les éléments importants de l'hyperbole (E, a, e, temps de descente Dt, b ) et
notamment le vecteur vitesse à l'infini de sortie.
Vous confondez
ER et Ea, SR et Sa et vous recherchez la position et la
vitesse géocentrique au point de sortie Sa, au temps t2 = t1
+ 2Dt.
Avec les
vecteurs position - vitesse, vous êtes maintenant capable de calculer tous les
éléments intéressants de l'orbite C2 et notamment : a2, e2,
T2, rp2.
Vous
déterminez si une rencontre avec la Terre est possible dans des conditions
acceptables. Dans l'affirmative vous donnez les conditions de rentrée à 120 km
su sol terrestre : Vitesse absolue et angle de rentrée.
Un
double balayage sur les deux paramètres Y
et rpL devraient donner satisfaction.
Des
courbes donnant les variations de a, e, rp en fonction de tel ou tel paramètre,
seraient certainement utiles.
Vous
pouvez aussi jouer sur la vitesse de tir initiale, pour apprécier le temps de
vol et la largeur de la plage des positions Lune.
Le
sujet vous laisse aussi la possibilité de faire preuve d'imagination.
2°) UNE CORRECTIONS SOMMAIRE DE TRAJECTOIRE :
Dans
votre recherche, vous ne trouverez certainement pas la bonne trajectoire de
retour, donnant un périgée virtuel vers 80 km du sol, assurant une rentrée
atmosphérique, à 120 km du sol, sous une pente g=6°.5, à la manière d'Apollo.
Tout
n'est pas perdu pour autant. En effet le véhicule possède une motorisation lui
permettant d'effectuer des corrections de trajectoire, rendues nécessaires,
après restitution d'orbite, pour "recaler" les paramètres, ou en
final pour donner les conditions précises de rentrée en atmosphère terrestre.
Vous
vous placerez au temps t2 de sortie en Sa, la vitesse ayant une
valeur géocentrique V.
Manoeuvre simplifiée, pour vérifier qu'avec 300 ou 600 m/s de freinage, on peut amener la
trajectoire de retour à passer au périgée à 80 km du sol terrestre.
Essayez
par exemple de réduire colinéairement la vitesse : V ----> kV avec k<1,
autant dire un freinage de DV=(1-k)V.
3°) UNE CORRECTION IMPULSIONNELLE PRECISE DE TRAJECTOIRE :
Il
est évident que la correction précédente aussi précise que possible, aura
présenté quelques écarts, soit de position (erreur de restitution de
trajectoire) et de vitesse (erreurs de centrale inertielle et de restitution
initiale).
Une
nouvelle restitution de trajectoire, montre que le périgée virtuel dépasse de
50 km celui prévu.
Comme
la rentrée doit être rigoureusement calée, vous devez rétablir la bonne valeur.
Vous effectuez donc, 5 heures avant la rentrée, une correction de type
impulsionnel avec 2 incréments de vitesse inconnus DVT et DVR,
tangentiel et radial.
Vous
utiliserez la théorie des corrections impulsionnelles et déterminerez la correction
optimale qui minimise la norme du vecteur incrément de vitesse.
Vous
rétablirez le PERIGEE VIRTUEL, par une variation Drp = -50 km , en utilisant : Drp= (1-e)Da - aDe.
4°) Le vol réel: sous l'effet conjugué des deux attractions, une
intégration numérique permettrait de juger de la précision des calculs
précédents. A vous de jouer si le temps vous le permet.
L'auteur,
qui a préparé ce projet, serait vivement intéressé par le résultat de la
comparaison des méthodes.
IV RENTREE TERRESTRE :
1°) UNE CORRECTIONS PRECISE DE TRAJECTOIRE :
Vous
connaissez au sortir de la sphère d'influence, le vecteur vitesse V et le vecteur
position Ro, géocentriques. Vous êtes donc en mesure de calculer toutes les
caractéristiques de l'orbite C2.
Il
n'y a très peu de chance qu'elle vous amène au point de rentrée désiré dans
l'atmosphère terrestre.
Cette
partie théorique est destinée à préciser les réglages nécessaires, après le
contournement de la lune, pour réaliser un retour vers la terre et une rentrée
correcte dans l'atmosphère de notre planète.
Nous
savons qu'un paramètre capital d'une rentrée à une vitesse proche de la
libération, est l'angle de rentrée gE. Nous le supposons imposé. De plus,
le point de chute de la cabine doit être minutieusement choisi, pour faciliter
la récupération en mer ( pour les USA ), en évitant une zone de tempête. Ces
contraintes imposent donc en général un temps de vol depuis la sortie de
l'espace lunaire et l'arrivée aux limites des couches atmosphériques, temps de vol noté Dt, que
nous supposons fixé
Nous
souhaitons calculer les éléments de la manœuvre (w, DV), permettant un trajet de durée Dt et un
angle de rentrée gE.
BUT A REALISER :
L'essentiel
est d'obtenir une trajectoire C, qui pénètre l'atmosphère sous une pente de 6°.5. L'altitude de rentrée est
conventionnellement fixée à ZE = 120 km sol. Nous pouvons aussi nous
imposer un temps de retour, capital pour arriver dans le bon océan, à la bonne
heure, de jour si possible.
Données connues sur l'orbite C :
RE
=RT+120 = 6578 km le rayon d'entrée
gE = 6°.5 la pente fixée
Ro
vecteur connu de la position au sortir de la sphère d'influence lunaire.
V
vecteur vitesse connu, au sortir de la sphère d'influence lunaire.
Dt la durée souhaitée du retour (
paramètre ajustable de l'ordre de 2 à 4 jours )
Données inconnues de l'orbite C :
a
demi grand axe
e
excentricité
qE angle polaire du point d'entrée,
compté entre 0° et 360°, en tenant compte du sens du mouvement.
qo
angle polaire de la
position Ro, compté entre 0° et 360°, en tenant compte du sens du mouvement.
Ces
angles sont probablement entre 180° et 360°, tout comme jE et jo.
Les
pentes g ou gE, sont comptées >0 en montée et <0 en descente.
CONCLUSIONS : Avec autant d'inconnues que de données, il semble possible de
résoudre le problème et de calculer a , e, qE, qo sur l'orbite C, après correction.
Vous
connaîtrez donc la nouvelle vitesse Vo au point de sortie, après correction et
déduirez donc, la correction DV à effectuer.
Vous donnerez l'altitude du PERIGEE dit "VIRTUEL" de C.
Vous
ne manquerez pas d'étudier et de présenter les variations de DV en fonction du temps imposé Dt.
2°) FIGURE ET DONNEES GENERALES :
3°) RESOLUTION :
Posant
une nouvelle inconnue X=ecosqE, il vient grâce à l'équation (3) :
X²+2sin²g+sin²g-e²cos²g=0, équation dont nous tirons la
racine >0.
Enfin
l'équation (4) fournit une équation transcendante, permettant le calcul de e,
valeur acceptable uniquement si e<1.
Sa
résolution donne la valeur de e si celle existe, c'est à dire si un retour elliptique
est possible. Il faut donc s'attendre à ce qu'un temps de retour trop court ne
puisse être réalisé en elliptique.
Tous
les éléments de l'orbite C de retour sont alors déterminés. On pourra donc sans
trop de difficultés calculer l'incrément de vitesse DV nécessaire, au sortir de l'influence lunaire, pour
réaliser une rentrée correcte.
Si
le temps de retour n'est pas un obstacle, on pourra étudier alors l'évolution
de DV en fonction de Dt et ainsi obtenir la correction optimale, qui conduit
dans tous les cas à un angle de rentrée imposé. Naturellement, dans ce cas on
ne maîtrise pas le point de chute sur la terre.
En
pratique, un balayage sur le temps et simultanément sur le point de chute (ce
que vous ne chercherez pas à faire ) conduira à un éventail de possibilités,
dans lequel on choisira la solution la plus confortable. Vous donnerez alors le
périgée virtuel de l'orbite C.
V POUR LES USAGERS DE MATLAB:
Les
amateurs de calculs sous matlab, pourront consulter un fichier
lisez-moi qui
explique les calculs et s'ils sont intéressés récupérer l'ensemble
des fichiers
"zippés".
Le
étudiants possédant l'intégralité du site ou ceux travaillant en Intranet,
peuvent récupérer les fichiers dans le répertoire: mecaspa\projets\lune\matlab.
GUIZIOU Robert 2 février 2000, sept
2011